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 DSC01469

 

 

Mon environnement actuel qu'est la Guyane, territoire de couleurs, de lumières et d'eaux, avec ses conditions géographiques et climatiques particulières, m'oriente vers de nouvelles questions plastiques et influence ma pratique du dessin. Des outils graphiques à portée de main, ou encore des épiphénomènes sensibles et intimes, accompagnent une nouvelle manière de percevoir le monde, dans une dimension à la fois vaste et inframince.

La géopoétique de ce qui m'entoure se traduit dans les formes et les humeurs du dessin. Dessiner revient alors à se transformer en un médium sismique. Le dessin devient une transcription psychologique, corporelle, organique, temporelle et spatiale. Les fibrilles se mélangent, se condensent, se concentrent, s'imbriquent, et tout à la fois se dispersent, s'étendent, s'évanouissent, s'essaiment… Les lignes errent, dérivent… Elles semblent élaborer dans le même temps la géographie d'un nano-monde et un paysage sans limites. C'est une idée admise que la ligne partage, sépare, divise et rend ainsi l'espace visible. La ligne est fermeture. Je préfère penser tout au contraire que la ligne est ouverture. Elle repousse les limites de son cadre et de sa spatialité ; prolonge en surface et en profondeur son territoire. L'esprit nomade parcourt et dessine des territoires sans frontières, des étendues de graphies. La liquidité de la ligne en vient naturellement à incarner le réseau (rhizome) des fleuves, criques et rivières, ces tracés hydrographiques qui gravent une cartographie des fluides.

Ces nouvelles chorégraphies du geste me confrontent à l'épistémologie du dessin et même plus précisément à l'épistémologie du dessinateur, cet esprit nomade, ce rêveur et même cet aveugle (Jacques Derrida), cet arpenteur de lignes, ce topographe du dessin.